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La Légende du Grand Judo

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les avis de Cinemasie

6 critiques: 3.88/5

vos avis

26 critiques: 3.81/5



Xavier Chanoine 4 La première graine dans la carrière de Kurosawa.
jeffy 4 Historique et encore bien à regarder
MLF 4
drélium 4 Et plus si affinités !
Ordell Robbie 3.75 l'invention d'un genre, rien que ça!
Ghost Dog 3.5 Le premier film de Kurosawa, et déjà un monument !
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La première graine dans la carrière de Kurosawa.

Maltraité, mutilé par la censure militaire, réalisé à une époque où il était bon de garder ses pellicules dans le grenier, La légende du grand Judo a tout du film poissard. Poissard bien sûr, dans le contexte d'époque. 1943, nous sommes en pleine guerre mondiale, difficile de véhiculer toutes ses idées par le biais d'une pellicule, difficile aussi de garder ses fragments de pensée : 600m en moins, ça craint. La première réalisation de Kurosawa reste néanmoins parfaitement regardable malgré son montage refait au début des années 50. L'ensemble jouit d'un récit parfaitement agencé. Sugata Sanchiro est parfait dans la peau du jeune disciple voulant apprendre (quitte à y laisser sa vie) le Judo. Il mettra tout en oeuvre pour parvenir à ses fins, à maîtriser cet art au détriment du Jiu-Jitsu. Sa détermination, son courage et son envie seront freinés par une demoiselle dont il est amoureux. Cette "partie" de l'histoire (rappelons que le film est entrecoupé de cartons narratifs expliquant les évènements déjà déroulés dans le director's cut, passés -sûrement- à la trappe à cause de la censure) fascine, fait rêver.

Amour, mystère et pudeur s'entremêlent, offrant quelques superbes passages romantiques, filmés avec élégance. Kurosawa maîtrise déjà son sujet en offrant une palette de décors extrêmement réussis (le marais, les grandes marches du village, le dojo, la plaine) et en exposant son talent derrière l'objectif plus d'une fois. Le dernier combat par exemple, fait tout droit penser à un western spaghetti, initié par Leone en 65. Une première réalisation, premier coup d'éclat, La légende du grand Judo reste une oeuvre mineure dans la carrière de Kuro', mais tout de même superbe en bien des points.

02 mars 2006
par Xavier Chanoine




Historique et encore bien à regarder

La mise en image et en particulier les plans serrés sur les visage est impressionante de maitrise et d'efficacite. Un film plus psychologique que de combat. Au niveau support, si vous devez choisir, achetez le DVD arte pour la demonstration de Kano qui est en bonus. De quoi remettre en question bien des judokas!

09 février 2003
par jeffy




Et plus si affinités !

C'est beau, c'est grand, tout ce qui fait Kurosawa est déjà là :
- Le bien et le mal ne sont pas clairement définis par un personnage en particulier, chacun a son mot à dire et son opinion à défendre.
- La nature et l'harmonie avec elle est le fil conducteur de la philosophie de Kurosawa (le vent, la pluie, le feu, les arbres, les fleurs... (les chevaux pas ici, je crois)).
- Le héros est en formation, observateur au départ puis impulsif, il devient petit à petit sage et grand.
- Les épreuves qui mènent à la plénitude sont des épreuves de vie avant tout.
- Les dialogues sont minimaux et généreux en pensées philosophiques.
- Lorsqu'un grand combattant officie, le peuple est subjugué, le moindre mouvement fait reculer de frayeur tout paysan spectateur.
- De manière générale, tout personnage sage est hautement respecté, voir observé tel un dieu.
- La photographie est déjà impressionante tout comme la mise en scène.

Un joyau qui prend toute sa valeur et plus encore si l'on apprécie pleinement Kurosawa.


La démonstration de Kano sur le dvd Arte est un joyau à elle toute seule, absolument scotchant.

05 mai 2003
par drélium




l'invention d'un genre, rien que ça!

Meme dans sa version mutilée par la censure, Sugata Sanshiro reste un film-clé car il contient rien de moins que toutes les idées développées par le cinéma d'arts martiaux dans les années qui suivront: parcours initiatique douloureux de l'élève, maitre tyrannique, dimension religieuse des arts martiaux.

Certaines idées de mise en scène sont énormes: la fleur symbolisant la naissance du judoka Sanshiro, la planche tombant au ralenti pour symboliser la mort lors du premier combat, les vols planés des combattants, le gigantisme des combats dans les dojos. Si le film reste regardable de nos jours en dépit du caractère peu spectaculaire du judo, c'est que la caméra se concentre sur l'aspect psychologique des combats et leurs enjeux culturels (l'adversaire final symbolise une occidentalisation de surface donc condamnable parce qu'elle n'est que pose). Kurosawa insiste aussi sur la haine que peuvent susciter les triomphes de Sanshiro derrière leur popularité de surface ainsi que sur le respect mutuel des adversaires.

En bref, meme s'il a fait mieux par la suite, Kurosawa offre un premier film prometteur et une oeuvre qui fait date.



29 novembre 2001
par Ordell Robbie




Le premier film de Kurosawa, et déjà un monument !

Petit conseil si vous comptez regarder ce film un de ces jours : visionnez-le tard dans la nuit, lorsque tout le monde dort, si possible lorsque la pluie frappe aux carreaux et fait déborder les gouttières. Vous aurez alors des sensations incomparables, constatant que vous êtes l’un des rares privilégiés à contempler cette petite merveille vieille de presque 60 ans, tournée en pleine guerre pour un public uniquement japonais, et dont les copies ont sérieusement morflé au cours du temps, certains plans ayant été censurés, confisqués puis brûlés et perdus à jamais…

Cependant, même s’il manque des scènes, même si la luminosité tremble, si le son est mauvais et l’image trop sombre, le charme agit. On est transporté dans une époque irréelle grâce à ces images sans âge, une époque historique tout comme cinématographique qui semble à jamais révolue. Raison de plus pour en profiter et vivre avec Sugata Sanshiro la naissance du Judo en l’an 1882, année 15 de l’ère Meiji. Les scènes de combat succèdent aux scènes de dialogues dans des décors typiquement japonais (jardins, tatamis,…) dans l’unique but de prôner le courage, le respect et la maîtrise de soi.

On aurait pu croire que pour son premier film, le jeune novice Kurosawa se soit fait récupérer par le ministère de la propagande et ait signé un film encourageant les masses populaires à se soulever contre l’ennemi américain ; il n’en est rien. Chapeauté par quelques grands noms du cinéma nippon, il réussit son entrée dans le Septième Art de brillante manière. La dernière scène est à son image, lui seul étant capable de lui donner cette force : il s’agit d’un duel à mort dans un pré vallonné couvert de hautes herbes balayées par le vent. La texture et la luminosité de l’image lui procure une dimension quasi-féérique, presque hallucinatoire. Rien que pour ce combat, le film mérite d’être vu.

A l’heure où les scènes de combat et de duel sont devenues monnaie très courante dans le cinéma moderne, ça fait vraiment un bien fou de revenir aux sources. On en oublierait presque que le film manque un peu de rythme…



10 janvier 2001
par Ghost Dog


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